Les activités extrascolaires : il faut choisir…
La jeunesse est devenue un sujet de préoccupation depuis quelques jours. La révélation de
nombreuses difficultés psychologiques, des effets sur les jeunes de ne plus voir leurs copains-
copines a alerté nos responsables politiques. À tel point que le Premier Ministre lui-même a présidé
mardi dernier une réunion à ce sujet.
Il s’est principalement agi des activités extrascolaires puisque l’on préfère, pour le moment, ne
pas toucher au rythme de l’École.
On s’est accordé sur un compromis ‘à la belge’ : la limite est fixée à une seule activité/semaine, quel
que soit l’âge ; les 13-18 ans qui ne pouvaient plus rien pratiquer, pourront reprendre une activité
collective en extérieur, histoire sans doute de se défouler. Sauf pour les stages de carnaval, les
bulles – on reste quand même confinés – sont limitées à 10 participants. Le choix apparaît plus
compliqué pour les moins de 13 ans : entre un sport, l’académie de musique, de peinture, les
mouvements de jeunesse.
Tel reportage que l’on a pu voir montre des jeunes heureux de jouer de la clarinette, de faire du
basket. Les scouts ont bien sûr aussi donné leur avis. Car les activités de groupes sont limitées en
nombre de participants.
L’impression donnée par ces reportages est que les jeunes prennent du plaisir à participer à ces
activités extrascolaires.
Est passé sous silence le fait que cela soulage nombre de parents dont les enfants sont ainsi
ailleurs qu’à la maison, surtout ceux d’entre eux qui travaillent à domicile.
Mais la question du plaisir est intéressante : le jeune y prendrait du plaisir… ce qui ne serait pas
le cas à l’école.
Tel le directeur de l’Académie de Schaerbeek interviewé, qui précise aussi qu’une Académie est une
institution d’enseignement puisque, bien sûr, elle peut donner un diplôme. Notre système est en
effet tel que les activités culturelles, bien sûr non obligatoires, ont été, pour la plupart,
externalisées de l’École.
Si ces activités donnent du plaisir, autrement dit, permettent une créativité que n’autorise pas
l’École, pourquoi ne pas saisir l’occasion du rythme de l’École en alternance entre présentiel et à
distance, pour permettre que les plages horaires non présentielles puissent se passer dans ces
activités créatives ?
Si la question est sensible, c’est sans doute aussi parce que le type d’apprentissage est, dans ses
caractéristiques générales, très différent entre l’École et l’Académie.
À l’École il s’agit, selon la pédagogie traditionnelle, d’absorber des connaissances données par
l’enseignant, assimilation que l’on devra prouver à l’examen. La mémoire joue un rôle primordial
dans ce processus.
À l’Académie, il s’agit d’intégrer des modes d’expression – dessin, peinture, chant… – ce qui
suppose une attitude active de la part de l’élève. Il est impossible d’apprendre à dessiner à partir
d’une méthode théorique. Il faut se lancer et poser des questions à l’enseignant, voire aussi à ses
condisciples, lorsqu’on ne peut trouver par soi-même la solution. Un bon enseignant ne prendra
pas votre main pour réaliser le dessin, il vous donnera quelques indications qu’il s’agira, pour
vous, d’intégrer… Et quand on y a réussi, on ne l’oublie pas…
Devoir choisir est déjà un fameux défi, en général nouveau pour le jeune. En soi, cela peut être
déjà un bon ‘exercice’ qui, espérons-le, ne sera pas trop téléguidé.
Si, à cette occasion de l’extrascolaire, l’École pouvait s’interroger aussi sur la créativité de son
mode d’apprentissage, on aurait fait d’une pierre, deux coups…
29 janvier 2021 Jean Verly